Voilà déjà un mois, au moment où j’écris ces lignes, que les plus chanceux.euses (et surtout les plus à l’Est) d’entre vous ont reçu la courte vidéo ci-dessous.
Grâce à la magie d’Internet et avec beaucoup d’enthousiasme, je vais enfin pouvoir vous révéler ce qui m’a tenu occupé pendant à peu près 2 semaines (+ quelques mois). Je vous propose non pas 3, non pas 10, mais bien 5 articles pour vous détailler chaque étape de cet évènement. Et je pèse le mot. Un couple d’amis vient d’enfanter un garçon (coucou Stanislas et Léa), moi j’ai enfanté une cuisine. A chacun ses objectifs de vie, on ne juge pas. Et puis, ce n’est pas pour frimer, mais ma cuisine est déjà propre et s’est très rapidement tenue debout. Elle est si précoce qu’elle sera bientôt capable de me dire “papa”, vous verrez.
[Aux lectrices et lecteurs les plus impatient.es d’entre vous : pour voir le résultat final sans plus tarder, vous pouvez directement consulter cet article. Mais, entre nous, ce serait comme se précipiter sur le dessert et rater tous les bons mets qui le précèdent… Vous noterez l’effort sur la métaphore culinaire, très à propos puisque nous parlons ici de cuisine. Mais pas de quoi se taper sur les cuisses non plus, j’en conviens].
Avant toute chose, un peu de contexte
Avant même la fin de mes études, je savais que je voulais me lancer à mon compte et créer une entreprise. Mais par conformisme et par peur de la perte de mon confort de salarié, j’ai longuement hésité à franchir le pas. Un boulot bien payé, intellectuellement stimulant, pour une entreprise respectueuse des employés qui pratique la “semaine de 4 jours”, c’est dur à quitter, vous l’admettrez ! Et pour ne rien arranger, je m’étais auto-convaincu de la spirale suivante : “pour que mon entreprise fonctionne, il me faut des clients. Pour trouver des clients, je dois prendre le temps de prospecter. Pour libérer ce temps, il faut que je démissionne. Mais si je démissionne maintenant, je n’ai pas de client. Et si je n’ai pas de client, mon entreprise ne peut pas fonctionner”. Ce saut dans le vide m’effrayait.
Cependant, le conformisme et le confort du salariat présentent aussi un avantage majeur : la possibilité de faire un crédit pour acheter un appartement. Celui que j’ai choisi est à Nancy et sa cuisine nécessite d’être refaite. Face au montant des devis des différentes entreprises de menuiserie contactées pour ce chantier, je me suis dit que mon premier client pourrait être moi-même ! “Au lieu de payer un.e menuisier.e l’équivalent de plusieurs mois de mon salaire, je peux démissionner et garder l’enveloppe des travaux pour payer les matières premières de la cuisine ainsi que mes dépenses quotidiennes le temps de fabriquer moi-même la cuisine. Ceci me permettant de me lancer dès le lendemain de ma démission, avec en prime, un client qui saura se montrer compréhensif en cas d’imprévus !”
Si cela m’apparaît alors comme une évidence, cette décision (prise en mai 2023) est en réalité le fruit de mois voire années de tergiversation à discuter de mes craintes et incertitudes auprès de mes proches.
[Merci Julie, grâce à toi j’ai compris que faire taire mes peurs permet de mieux entendre mes envies. Merci Charline et Alex, votre confiance absolue en l’avenir est communicative. Merci à ma famille, votre soutien (moral et matériel) indéfectible fait de moi quelqu’un d’immensément chanceux. Et plus généralement, merci à toutes celles et ceux qui m’ont encouragé dans cette direction qui, depuis que je l’ai empruntée, me rend chaque jour profondément heureux !]
Bref, vous l’aurez compris, cette cuisine est bien plus qu’une cuisine pour moi. Pour être un peu dramatique, je pourrais même dire qu’elle a été une sorte de baptême du feu et se devait d’atteindre plusieurs objectifs :
- tester ma capacité à embrasser, seul, la conception d’un projet tout autant que sa fabrication et d’en maîtriser chacune des étapes
- chercher à tous les niveaux (choix/provenance/acheminement/mise en œuvre des matériaux) l’impact environnemental le plus faible possible
- aboutir à un résultat de qualité professionnelle
- fabriquer la cuisine en moins d’un mois
[spoiler : un des objectifs n’a pas du tout été atteint !]
Cependant, pour temporiser un peu l’euphorie du jeune entrepreneur plein de fougue, rappelons que l’appartement est situé au 5ème étage dans un immeuble sans ascenseur au cœur de Nancy. Ces conditions rendent impossible la réalisation de tels travaux au sein même de l’appartement (que ce soit pour des questions d’espace, d’acheminement des machines et matériaux ou même de respect du voisinage). Mais c’était sans compter sur un mail tout à fait fortuit que Julie reçoit quelques temps après ma décision de démissionner…
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